Spectacle

27 novembre 2010

Ceci n'est pas un sujet conso... Quoi que la culture devrait se consommer plus souvent. Si vous comptez acheter des billets pour aller voir le dernier spectacle de Régis Mailhot, voici de quoi vous faire une idée!
Article paru dans le supplément Loisirs de l'Echo Républicain, le 26 novembre 2010.

http://www.lechorepublicain.fr/selection-loisirs-regis-mailhot-au-rapport,260.html

Régis Mailhot au rapport

Interview de Régis Mailhot de passage à Mainvilliers vendredi avec son dernier one-man show. Décryptage du rapport Mailhot.

Il est le dernier humoriste à chahuter les politiques et les grands de la France d’en haut sur l’antenne de France Inter (chaque jour à 12 h 05). Mais il officie aussi sur Paris Première et est en tournée avec un one-man show caustique et décapant, baptisé Le rapport Mailhot. Juste avant son passage vendredi à Mainvilliers, il répond aux questions de l’écho lors d’une conversation téléphonique - a priori - pas sur écoute !…

Quelle est la genèse de ce spectacle?
Ce one-man show est né il y a un an et demi. Il a été créé en Avignon, pour le festival, puis je l’ai joué à la Comédie de Paris. Il a reçu un très bon accueil du public mais aussi de la critique. Je cherchais une entrée politique qui me permette d’aborder d’autres thématiques et de parler notamment de sujets de société. L’idée a été de choisir comme médium un petit employé de bureau travaillant à l’Elysée. Son job c’est d’écrire un rapport sur l’état de la France, le fameux rapport Mailhot. Parallèlement, comme tout employé, ce type criti-que et chronique sa « vie de bureau ».

Vous connaissez la vie en entreprise, vous avez été cadre… Ca vous a inspiré?
Oui, mais ce point de départ autour de ce personnage central est surtout un prétexte pour parler de politique… Et aussi du quotidien. Je trouve qu’on dirige désormais ce pays comme une entreprise. Et les gens se sentent proches de cet employé, car tout le monde a une vie de bureau!

«Ai-je l’air de m’autocensurer?»

Dans ce rapport, la France est mise en vente… Elle coûte cher la France d’aujourd’hui?
Je ne crois pas… En tout cas ce ne sont pas les Irlandais, ni les Grecs qui viendront nous l’acheter ! Dans le rapport Mailhot l’employé de l’Elysée doit estimer ce que vaut la France. Je dresse donc l’état des lieux de notre pays. Un état des lieux plutôt à charge !…

Justement vous êtes un humoriste qui dénonce, critique et décrypte l’actualité… Vous n’auriez pas du être journaliste ou analyste politique?
Surtout pas! Ces gens-là sont très ennuyeux ! Moi j’ai la prétention de faire rire, il y a ce côté satyrique fort dans mon travail. Une part de critique très importante que n’ont pas les journalistes…

Mais les humoristes peuvent-ils encore rire de tout?
Oui! Et je m’y emploie et m’y attache. Surtout à une époque où on peut rire de rien et s’amuser de tout ! Il y a toujours des limites, il faut éviter les injures et cibler plutôt ceux qui peuvent se défendre…

Pourtant c’est vous qui avez remplacé Didier Porte sur France In-ter. Un départ très polémique qui vous pousse peut être aujourd’hui à vous autocensurer?
Avez-vous écouté ma chronique? Ai-je vraiment l’air de m’autocensurer? Non! Et je n’ai pas remplacé Didier Porte. Je suis le dernier humoriste satyrique et engagé de cette antenne et sans doute le plus écouté de France à midi. Il n’y a plus d’humoriste engagé le matin sur France Inter. La place n’était pas difficile à occuper, mais plutôt très importante à prendre. L’essentiel c’est que la chronique existe.

L’actualité alimente votre spectacle… Quels événements vous inspirent le plus, ces derniers jours?
Ce spectacle est vivant et vit avec l’actualité, c’est une matière qui bouge et évolue tous les jours. Le remaniement ministériel a été évidemment très inspirant… On prend les mêmes et on recommence. Et puis il y a aussi toutes ces affaires… Et le parti socialiste qui va organiser des primaires pour se choisir des patrons, c’est plutôt pas mal ça pour un parti de gauche! Le pape m’inspire aussi beaucoup ces jours-ci…

Télé, radio, tournées… Vous avez un agenda de ministre?!
Oui, c’est un peu ça. Mais les ministres ont bien parfois des vies d’intermittents du spectacle! En fait j’adore la scène et la province. Ce sont des gens qui nous écoutent et nous soutiennent. C’est un très beau métier de faire rire les gens, c’est gratifiant.

Et c’est utile aussi…
Oui, on n’est plus très nombreux à jouer les humoristes engagés aujourd’hui. Je suis plus proche des gens que ceux qui appartiennent à une médiacratie parisienne, souvent méprisante… Et je ne parle pas que des politiques!